L’Art et la folie, passionné par l'inépuisable sujet, Gustavo Giacosa fréquenta de bonnes écoles. A commencer par le dramaturge Pippo Delbono, dont il partagea la route pendant près de dix ans. A partir de 2010, cet argentin de naissance creuse le sillon de l’art brut, cette fois aux côtés de Fausto Ferraiuolo, pianiste et compositeur des créations de... Pippo Delbono.
Présenté à Avignon l’an dernier, Giovanni en attendant la bombe, explore l’œuvre graphique développée, depuis 1994, par Giovanni Galli dans l’atelier protégé de La Tinala, à Florence.
Gustavo et Fausto reviennent cette année en compagnie de Nannetti, le colonel astral. Après le dessinateur, place au littérateur. Cette création 2016 s’inspire des écrits gravés par Oreste Fernando Nannetti (1927-1994), sur les murs de l’hôpital psychiatrique de Volterra où il fut interné jusqu’en 1973.
Longues jambes, bras interminables, Gustavo Giacosa, tisse sa toile sous l’ogive de la Chapelle Sainte claire. Le harangueur androgyne plonge dans la tête de ce clown dont le nez rouge, à l’onctuosité du rond, substitue l’arête du Y.
Pianotées par l’accompagnateur, les harmonies Jazzy dotent l’immersion d’une tonalité cabaret. A l’opacité parfois tétanisante de Giovanni, succède la faconde dandy de ce colonel astral, meneur de revue longiligne, qui ne cesse de se faire rêver.
Nanetti, Giovanni.., Tel un Champollion face à la pierre de Rosette, Gustavo Giacosa décrypte les mystères de l’art brut. L'artiste dessine des performances-explorations à travers les méandres du mental, le cortège de ses douleurs, le génie de ses fulgurances. Possédé par ses sujets, l'architecte-poète édifie des ressassements chirurgicaux dans une rigueur esthétique, nimbée ici d'un sublime détachement.
Théâtre des Halles : 16H30.
Réservations : https://www.theatredeshalles.com/