Ça commence par une conférence. Jean Durutty qui travaille dans un musée, invite un panel des spécialistes afin de disserter autour de la Bête du Ventoux, qui hante le flancs du Géant de Provence.
L’échange s’annonce passionnant. A ceci près que les éminences sont aux abonnés absents. Sans se démonter, l’organisateur entreprend de nous délivrer les résultats de ses investigations sur ce parent plus ou moins éloigné du Yéti, du Monstre du Loch Ness, de la Bête du Gévaudan.
Le chercheur documente l’existence de la créature, à travers des preuves sonores enregistrées sur un magnétophone à bande ou une mini-cassette. Accessoirement il note quelques appréciations sur un dictaphone.
La valeur évasive des échantillons, ajoutée aux erreurs de manipulations, scories sonores, digressions intimes, détournent la communication vers la confession voire la divagation.
La Bête est affublé d’un long sous-titre : Conférence immersive sur l’Homme sauvage dont un spécimen aurait vécu dans la forêt près de chez vous. L’Homme sauvage convoque le mythe ; la forêt, le conte ; le conditionnel, la supposition.
Le texte de Karin Serres expose une légende, explore une rêverie, décrypte une solitude. La partition entre en écho avec une mise en son qui déterre des outils désormais antédiluviens.
L’exposé nous conduit dans les caves d’un musée puis nous abandonne à travers les dédales d’un univers mental, truffé de zones d’ombre, d’improbables légendes, de foudres tonitruantes.
Ce solo sonore intrigue, amuse, questionne. Il déstabilise parfois, toujours à bon escient. A l’instar de l’Homme sauvage, La Bête est un objet théâtral non identifié qui mérite toutes les attentions.
Le Totem : 14H20, jusqu’au 20 juillet.
Réservations : https://www.le-totem.com/programmation-2024/