Le Voyage d’hiver désigne l’ensemble de 24 chants voix-piano, composés en 1827 par Franz Schubert (1797-1828), sur des poèmes de Wilhelm Müller (1794-1827). Marqué par la fatigue, empreint de solitude, ce corpus pré-mortem structure le texte de Denis Lachaud.
Ordonné en 24 tableaux, son Voyage d’hiver confronte une mère, un fils, une fille à la dégradation mentale du père. A la demande de l’acteur-metteur en scène Benoît Giros, l’auteur effectua en amont de la rédaction, une série de rencontres-interviews auprès de soignants et accompagnants.
Cet apport documenté alimente une partition attachée à la déréliction d’un esprit et ses répercussions au sein de l'entourage. Les caractères profonds se révèlent souvent face à l’adversité. L’incompréhension teintée de panique face à l’effacement inéluctable d’un être aimé, entraine des abattements, des colères ou des attitudes anachroniques, tentatives éperdues de garder un contact, de préserver une confidence.
Insidieux, lancinant, l’environnement sonore conçu par Minouche Briot souligne la déroute d'impuissance face l'irrémédiable désaffection. Parfois l’intervention d’une infirmière assouvi le désarroi et pousse à sourire pour ne pas pleurer. Mais furtifs, irrépressibles à l’image du processus, une voix se voile, un regard s’embue. En ces instants, l’attention se dilue dans l’émotion.
Accordés dans les nuances, Mikaël Chirinian, Benoît Giros, Muriel Gaudin donnent toute son envergure à l’écriture concise et délicate. Vers la fin, un deus ex-machina émerge de l’assistance, le trio devient quatuor, une porte entrouvre le rideau blanc.. .
Il faut du temps pour que l’enfant prenne conscience de la mort du géant. Le Voyage d’hiver donne la mesure de l'aphorisme dans une rigueur pudique et une extrême sensibilité.
Le Voyage d’hiver : 20H35, du 5 au 26 juillet, Relâche le dimanche, Artéphile Théâtre.
Réservations : https://www.artephile.com/avignon-off-2025