Il manque quelques pages à l’histoire du Chili. A la dictature militaire, au pouvoir entre 1973 et 1988, s’ajoute la colonisation du pays et le génocide des Indiens Selk’nam, au début du XXème siècle, en Terre de feu.
Si Miguel Littin (Actes de Marusia 1976) et Patricio Guzmàn (La Nostalgie de la lumière 2010, Le Bouton de nacre 2015, Mon pays imaginaire 2022) dissèquent, par l’allégorie ou le documentaire, les exactions du général Augusto Pinochet, Felipe Galves se penche sur la civilisation des archipels, à la confluence des océans Atlantique et Pacifique.
Les Colons débute en 1901. Riche propriétaire, maître de la Patagonie, José Menèndez (Alfredo Castro) charge MacLennan (Mark Stanley), d’ouvrir une voie jusqu’à la frontière argentine. L’ex-lieutenant de l’armée britannique engage Bill (Benjamin Westfall), mercenaire américain et Segundo (Camilo Aranciba), éclaireur métis. Observateur interdit, ce dernier s’affirme, peu à peu, comme le caractère central de l'épopée mortifère.
Filmé en 1,33, format des premiers westerns de John Ford, Raoul Walsh, Anthony Mann.., Les Colons traverse des immensités, dont l’immuable majesté contraste avec la médiocrité barbare des mercenaires. A la fois pictural et délétère, ce carnet de route se double, dans son ultime chapitre, marqué par l’apparition d’une caméra, d’une réflexion sur le cinéma, vecteur de témoignage ou instrument d’attestation d’une histoire officielle, souvent en décalage avec la réalité des agissements.
Les Colons possède le souffle des meilleurs westerns et la solennité des grands requiem.
Interview de Felipe Galvez et de la scénariste Antonia Girardi lors de l’avant-première avignonnaise.
Traduction : Jean-François Grima, président de l'association Contraluz https://contraluz.fr/
Les Colons : sur les écrans à partir du 20 décembre.
Photographies : © Quijote Films - Rampante Films - Rei Cine - Quiddity Films - Volos Films - Cine-Sud Promotion - Snowglobe - Film I Väst - Sutor Kolonko
