Oslo de nos jours, Signe (Kristine Kujath Thorp) partage son quotidien avec Thomas. Plasticien dans la vraie vie, Eirik Sæther incarne à l’écran Le Voleur, créateur spécialisé dans le recyclage-customisation de fauteuils, qu’il subtilise au fil de ses visites et déambulations.
A l'occasion de certain larcin, Signe donne la main à Thomas. Mais lorsqu’il bénéficie d’une première exposition et sacrifie à quelques interviews, la jeune femme entre en transparence aux côtés de cette néo-célébrité.
Pour Signe, la réponse, la révolte passent par le corps. Elle s’invente une allergie puis une maladie rare grâce à un médicament (d’origine russe), dont les effets secondaires génèrent de profondes irritations cutanées.
Sick of myself-malade de moi-même, désigne à juste titre le film de Kristoffer Borgli. Pour son premier opus, le scénariste-réalisateur synthétise la satire sociale cultivée par Ruben Ostlund (double Palme d’or au Festival de Cannes pour The Square-2017 et Sans Filtre-2022) avec les inspirations fantastiques (Lamb-2021, Les Innocents-2021, Egö-2022..) qui irriguent le cinéma scandinave de ces dernières années.
J’aime les belles mélodies qui racontent des horreurs.
Kristoffer Borgli s’approprie la phrase de Tom Waits. En équilibre entre observation et immersion, le récit intercale, sans transition, les simulacres de Signe : ses rêves de gloire (l’écriture d’un best-seller), ses peurs paniques (la condamnation sans appel d’un médecin).
Dans le même esprit, les moments de pure comédie (le dîner servi par un restaurateur obsédé par le principe de précaution) alternent avec la recension des dérives obscènes de l’inclusion, ou le compte-rendu clinique des contrecoups, consécutifs à l’absorption massive de la molécule.
Le ton est flegmatique, le fleuret moucheté mais les assauts touchent toujours juste. Fable pétrie d’humour à froid, descente aux enfers nimbée de couleurs acidulée, Sick of myself est une posologie qui s’administre sans modération.
