Marguerite mode d’emploi

Publié en 1987, La Vie matérielle est un recueil de conversations entre Marguerite Duras et l’écrivain-scénariste Jérôme Beaujour. Au faîte de son succès, Marguerite se livre à bâton rompu. Elle se souvient de sa mère, spoliée après son veuvage, personnage matriciel d’Un barrage contre le Pacifique (1950), de ces hommes et ces femmes aperçus ou fréquentés qui, quelques années plus tard, traverseront ses écrits.

Il y a encore Yann Andrea, l’alcool qu’elle engouffrait sans jamais accéder à l’ivresse, le cénacle du théâtre français, réfractaire aux textes écrits par des femmes.

Plus primesautière, elle évoque un admirateur qui passa une journée transi sur son paillasson ou la mise au point d’une silhouette consubstantielle à ses lunettes et sa morphologie. A ce sujet et à défaut du timbre et du phrasé, Catherine Artigala restitue d’une manière saisissante le physique râblé, proche de la prostration, immortalisé dans de nombreux documents filmés.

Autobiographie morcelée, La Vie matérielle constitue une approche liminaire idéale d’un esprit vif, capricieux, insolent, polyvalent, propre à l'une des artistes les plus denses et captivantes du XXème siècle.

La Vie matérielle: 15H20, Théâtre du Petit Louvre, jusqu’au 30 juillet.

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