Martine et Gilbert

Martine se découvre un problème de perception. Coïncidence, signe du destin, Gilbert le voisin est optométriste. Coup de foudre au premier examen. Désormais, l’adolescente en surpoids n’a de cesse d’esquinter sa vue, de changer de lunettes et de revoir Gilbert.

Écrit par l’auteur québécois Simon Boulerice, Martine à la plage s'ancre dans l’Amérique pavillonnaire avec piscine dans le jardin, soda et crème glacée dans le frigo. On voit le tableau. Et des images il y en a profusion sur un plateau constellé d’écrans sur lesquels la psyché de Martine se déploie en arborescence.

De la candeur à la névrose, le périple intérieur cale son pas sur des fantasmes syncopés, morcelés comme la pensée, où se bousculent l'aspiration au grand amour et les destins tragiques de la capiteuse Jane Mansfield, décervelée dans son automobile ou Karen Carpenter suave chanteuse, suicidée par anorexie.

Élise Hôte se fond dans cette Martine qui érode sa vision et perd sa clairvoyance. De l’émoi de midinette aux ressassements obsessionnels, la dérive s’insinue au long d’une immersion à la fois virtuose et sans filtre dans le mental d’une adolescente délaissée.

Anti Lolita par excellence, Martine à la plage trouble, déstabilise et captive de bout en bout.

Martine à la plage, jusqu’au 26 juillet, 16H, (relâche le mercredi).

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