Une gouaille d’Arletty

Entre une malle à costume et un miroir de maquillage, une comédienne se glisse comme chaque soir dans la peau de Léonide Bathiat dite Arletty (1898-1992).

La voie mémorielle semble tracée, cependant le chemin se restitue à travers le texte syncopé de Koffi Kwahulé. Sa partition alterne chronologie biographique et discours intérieurs.

Je ne fréquente personne, on me fréquente.

Bisexualité, liaison affichée avec l’officier nazi Hans Jürgen Soehring, l’actrice conduisit son existence peu soucieuse de la bien-pensante. Cette insouciance libertaire, elle la paiera à la Libération lors des procès d’épuration. Interrogatoires inquisiteurs suintants le voyeurisme, assignation à résidence, interdiction d’exercer, certes Arletty ne fut pas tondue mais fustigée sur la place publique. Jusqu’à être occultée des Enfants du Paradis (Marcel Carné 1945) dans lequel pourtant, chacun s’enflamme et se brule autour de sa Garance.

Julia Leblanc-Lacoste oscille entre la gouaille et les imprécations d’une femme à l’indépendance assumée, imperméable à toute hypocrisie. Au fur et à mesure que le personnage se dévoile, son interprète endosse un costume-carapace avec lequel son Arletty se collettera, une nouvelle fois à ses souvenirs, ses éblouissements et ses fantômes. Comme un œuf dansant au milieu des galets.

Arletty, comme un œuf dansant au milieu des galets: 16H30, jusqu’au 30 juillet, Théâtre du Petit Chien.

Retour à la liste des articles