La Princesse un peu tordue

Au départ il y a une malle dans laquelle repose, très souvent, un cahier griffonné de souvenirs. Une dame au pardessus feuillette le bloc-notes et remonte les temps jadis.

Il était une fois une petite fille née de guingois. Pousser selon des angles pas vraiment droits. On peut vivre avec. Mais cela pose problème, lorsque une mère vous rêve en danseuse.

Pour être belle il faut être symétrique !

Il s’en suit des interventions-rééducations, qui réajustent les lignes et vrillent tout autant l'enfance et l'adolescence d'un être qui vivait plutôt bien dans sa dissymétrie.

Fanny Corbasson adapte son récit autobiographique, qu’elle interprète dans un tonus de tous les instants. Le recours aux cubes, à la marionnette, occasionne des jeux d’échelles qui permettent les aller-retours entre les âges et les postures.

Derrière le caquet espiègle, perce la détresse d’une enfant, pas vraiment à son aise dans les protocoles et corsets que lui imposent des choix médicaux hasardeux, suscités par les aspirations maternelles contrariées.

Dans l’inventaire des dommages collatéraux de la remise aux normes, Fanny Corbasson déploie un sens du distancié et un art consommé de l’euphémisme. Contrariétés, souffrances, chagrin, colère, s’enchaînent dans une humeur guillerette, révélatrice de la belle énergie qui anime Cabosse, au fil des traitements et Fanny, au cours de la représentation.

Cabosse ou la particularité est un récit d’apprentissage où la vitalité se pare d’une joyeuse subtilité.

Jusqu’au 29 juillet,11H25, Théâtre de la porte Saint Michel (relâche le 10, le 17 et le 24).

Photographies: Compagnie de l'Affamé.

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