Le voyage du poème

Dorian Rossel aime les retours (Voyage à Tokyo, Quartier lointain) et les épopées picaresques (L’Usage du monde, inspiré par les équipées de l’écrivain Nicolas Bouvier, tout au long de la route des indes. Et l’on navigue encore, de la Suisse vers le Chili, dans sa nouvelle création.

Incroyable comme une histoire vraie, Tous les poètes habitent Valparaiso, dessine l’itinéraire d’un poème qui, d’édition en hétéronyme, traverse les continents pour, chemin faisant, toucher et parfois transformer les existences d’êtres appelés à ne jamais se rencontrer.

Le point commun de chacun reste une dilection pour la littérature et l’écriture poétique, liées à une discrète et fervente curiosité.

Cet éloge de l’appétence passe par un récit polyphonique, écrit avec Carine Corajoud. Le patchwork narratif est, lui-même, cadencée par des rituels de communications : émission de radio, pot de départ, cérémonie d’inauguration, stage d’orientation.. .

Quant’aux pérégrinations, un fil d’emballage plastique, un panneau contre-plaqué, abaissent les cloisons et traversent les océans. Sans dévier de sa route ni noyer l’intérêt, l'épopée évoque, entr'autres, les séismes politiques qui dévastèrent le Chili ou la schizophrénie d’une interprète-intermittente, écartelée entre ses désirs et ses succès.

Fidèle à ses habitudes, Dorian Rossel convoque ses inclinations et ses indignations, dans une fable, nimbée de spleen et de fantaisie. Sans avoir l’air d’y toucher, Tous les poètes habitent Valparaiso nous touchent intensément.

Théâtre Transversal : 11H, Jusqu’au 25 juillet.

Ps : la prestation radiophonique qui ouvre le spectacle et durant laquelle l’animateur pose des questions sans se soucier des réponses et regarde l’horloge plutôt que ses interlocuteurs, est frappée du sceau de l’expérience et demeure révélatrice de la décadence des choix éditoriaux de certaines radios, dont quelques unes issues du service public, en Suisse et dans notre beau pays.

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