"A la recherche du temps perdu", l’œuvre magistrale de Marcel Proust, me rappelle les longues semaines. qu’il m’a fallu, étudiant, pour en venir à bout.
Cette confidence constitue, pour Xavier Marchand, le point de départ de son incartade dans Le Temps retrouvé. L’Adaptateur-metteur en scène-interprète, mord à pleines dents dans une madeleine de sa jeunesse.
Suite à une longue convalescence, un homme (le narrateur) réapparaît lors d’une matinée organisée par la princesse de Guermantes. Une stupéfaction le gagne, lorsqu'il découvre les atteintes de l’âge sur ses proches ou ses connaissances. Des rides aux civilités contre la montre, l’érosion et l’usage du temps, deviennent la pierre angulaire d’un discours intérieur.
Au seuil d'un livre surdimensionné dont les illustrations, légèrement ondoyantes, altèrent les perspectives et génèrent un vertige délicat, le dandy délivre ses observations. Les bouffées de mélancolie s’échappent dans un détachement moucheté. L’homme observe sans surplomber, conscient que ces retrouvailles, lui renvoient le miroir de sa propre désuétude.
Le phrasé scrupuleux, le timbre cristallin de Xavier Marchand, qui travailla autrefois avec Claude Régy, inlassable entomologiste des phrases, de la métrique et de la diction, se coule dans le ressac des phrases proustiennes. Il en émane un désarroi contenu, indissociable d’une élégante perspicacité.
A la fin Marcel s’efface derrière Xavier. Le vivant abolit le fantôme. La boucle est bouclée mais survivent les questionnements.
Le Temps retrouvé : une bulle (presque) monochrome au cœur de la fournaise avignonnaise.
Théâtre du petit chien, 12H15, jusqu’au 29 juillet ( Relâche le mardi).
Photographies: Eric Reignier.
