Pauline par Christine

Chaise pliante, gourde d’eau sur table de camping, un décor sommaire pour une rencontre au sommet. D’un côté Christine Murillo, actrice multi-césarisée, partout plébiscitée, de la Maison de Molière au Festival d’Avignon, des bastions du Théâtre publics aux meilleures officines du Privé.

De l’autre Pauline Carton (1884-1994), une honorable carrière théâtrale, au service de Molière, d’André Roussin et surtout Sacha Guitry, quelques succès chansonniers et une filmographie longue comme deux jambes et deux bras.

Je veux bien jouer les concierges et les bonnes du curé, passer le plumeau sur les bibelots du salon mais toujours en présence d’un caméraman.

Ainsi, avec plus de 250 films à son actif, l’actrice explora largement le potentiel des rôles ancillaires.

Christine Murillo se glisse avec une révérence gourmande, dans la peau de cette ancêtre, dont la faconde dissimulait une ironie perspicace et une subtile intelligence. Fidèle en amitié, constante en amour, Pauline cultivait une solitude bien comprise, garantie première d’une totale indépendance.

Comme lors d’une causerie, un soir au coin du feu, Christine-Pauline aligne les anecdotes : les premiers rôles dans un cinéma balbutiant mais déjà pragmatique, des embarrassantes distractions lors de certaines représentations. Se distingue encore le respect affectueux pour Sacha Guitry et sa manière de diriger les acteurs en leur accordant une totale liberté.

Pauline Carton nourrissait une clairvoyance fataliste qui imprègne son agacement las et désabusé, face à l’obséquiosité télévisuelle de Danièle Gilbert. Pourtant, même fourbue et mélancolique, la dame ne se départissait jamais de sa verve spirituelle et de sa culture curieuse.

Bon Dieu que je suis contente! Aimait répéter Pauline. A l évidence Christine s’approprie cette alacrité, tout au long de Pauline et Carton.

La Scala-Provence : 10H15, jusqu’au 29 juillet (Relâche le lundi).

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