Pina Bausch intermittence et tâches ménagères

En vue d’une création-hommage, une danseuse décortique les chorégraphies de Pina Bausch. Le décryptage est régulièrement interrompu par des appels téléphoniques, personnels ou administratifs ou par les enfants qui chahutent dans la pièce à côté.

Imaginé par Marion Schrotzenberger, Si Pina m’avait demandé, relève de l’hommage et de l’auto-fiction. Dans la première partie, où elle suit, sur un écran, la captation de Kontakthof, l’une de ses pièces emblématiques, l'interprète salue à la fois le style et l’esprit, de la figure de prou de la danse-théâtre.

L’élégance hiératique des postures résonne avec l’abattement, voire la prostration de corps féminins, saisis par la mélancolie, terrassés par l’épuisement. L’analyse admirative entre en miroir avec l’autofiction. Sur le plateau Marion Schrotzenberger, conserve son long (15 lettres) patronyme. Les tableaux répétitifs, les chutes et les rebonds réglés par Pina s’intercalent avec le ressassement des tâches que Marion assure au quotidien.

Co-interprété par Eric Languet, Si Pina m’avait demandé, agrège la révérence pour une créatrice majeure à un état des lieux des rêves et vicissitudes propres à une artiste-intermittente doublée d'une mère au foyer. Détails importants : la danseuse a du bagout, un recul sur elle-même et une articulation au diapason de sa plasticité.

Avec Si Pina m’avait demandé, la danse-théâtre génère, décidément, un joli moment de théâtre-dansé.

Si Pina m’avait demandé : 12H10, chapelle du Verbe Incarné, jusqu’au 12 juillet.

Photographies : Celine Serrad/Marion Schrotzenberger

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