Encore et en corps

Sous chapiteau, le spectateur regarde souvent vers le haut. Chez Boris Gibé les yeux convergent vers le bas. Anatomie du désir, reconduit le silo, structure utilisée pour L’Absolu, présenté, il y cinq ans, à Villeneuve en scène.

Assis en spirale, le long des parois d’une structure cylindrique, les spectateurs occupent, cette fois, un panopticum anatomique, amphithéâtre propre aux écoles de médecine d’autrefois. Comme il est précisé en préambule, le spectacle commence des l’entrée, suivie d’un sas de silence, perturbé par quelques grincements, craquements, le tout dans un noir absolu.

Suite à l’inspection inquisitrice d’un lampe chirurgicale, une silhouette se distingue. Un corps féminin se perçoit, s’examine puis se dissèque.

Si Boris, le voltigeur-circassien prédominait dans l’Absolu, c’est Gibé, le manipulateur-créateur de formes, qui officie dans Anatomie du désir, composé d'une  suite de métamorphoses et autres actes de néo-chirurgie. Sous l’action de petites mains, l’effigie prend vie, l’épiderme s’effrite, les formes s’effacent, les organes s’évadent d’un torse-boîte de pandore.

Sujet ô combien actuels, le changement de sexe, le déterminisme de genre, sous-tendent cette effarante dissection. Mais le manifeste, la revendication, l’imprécation, s’éclipsent derrière une poésie fantasmagorique dans laquelle l’histoire de l’art se pare d’une organique espièglerie.

A la fois spectacle et expérience sensorielle, Anatomie du désir transforme notre carcasse en Caverne d'Ali Baba, dans une judicieuse et joyeuse inventivité 

Villeneuve en scène, 22H, jusqu’au 22 juillet (relâche lundi 16).

https://www.festivalvilleneuveenscene.com/

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