Les vertiges de l'art brut

L’Art et la folie, passionné par ce vaste sujet, Gustavo Giacosa fréquenta de bonnes écoles. A commencer par Pippo Delbono, dont il partagea la route pendant près de dix ans. A partir de 2010, cet argentin de naissance creuse toujours le sillon de l’art brut, cette fois aux côtés de Fausto Ferraiuolo, pianiste et compositeur des créations de.. Pippo Delbono.

Créé en 2016, Nannetti, le colonel astral, examine les écrits gravés par Oreste Fernando Nannetti, sur les murs de l’hôpital psychiatrique où il était interné. Présenté cette années, Giovanni en attendant la bombe, explore l’œuvre développée, depuis 1994, par Giovanni Galli dans l’atelier protégé de La Tinala, à Florence.

A l’ouverture, une explosion assourdissante déchire le noir et le silence. Une ombre se distingue. Affalée sur une table, une longue silhouette se déploie et amorce des tentatives de métamorphoses de l’homme vers la femme. Chaque approche s’effectue selon un rituel, où, dans une lenteur monochrome, des créatures hermaphrodites se révèlent de l’obscurité.

Rater. Rater mieux encore. Rater mieux.., écrit Samuel Beckett, Chaque échec provoque un effondrement, suivi d’un recommencement.

Rater. Rater encore.., jusqu’à l’escalier vers le paradis.

Gustavo Giacosa compose des ectoplasmes qui renvoient aux photomontages fétichistes, découpés par Pierre Molinier ou à Elvira, Lucrezia.., héroïnes des fumetti érotiques italiens des années 60. Bien entendu David Lynch n’est pas très loin.

A la sortie de la représentation, l’on peut suivre Gustavo jusqu’à une galerie voisine, où sont accrochées les dessins originaux de Giovanni Galli. Dans ce travail dense et coloré, prédominent l’influence de la bande dessinée et la dialectique entre masculin et féminin.

Auparavant nous aurons tenté de forcer la porte d’une pensée, d’une fantasmatique à la fois fascinante et verrouillée à tout jamais. Animé par la même obstination que ses sujets, Gustavo Giacosa, arpente ces chemins de traverse et livre, de temps en temps, des performances-carnets de route, tel Giovanni en attendant la bombe, moment déconcertant, fascinant et toujours d’une profonde élégance.

Théâtre Transversal, 16H30, jusqu’au 25 juillet.

https://theatretransversal.com/

 

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