Première fois premier pépin

A l’entrée du Processus, l’on chausse un casque. Appareillage de rigueur, vu que l’on va traverser les cinquante prochaines minutes dans la tête de Claire. Un peu moins d’une heure, pour un laps de quelques semaines de la vie de la collégienne.

Tout commence, au réveil, par un petit pincement. Puis un jour de retard sème le doute, amorce l’inquiétude. S’ensuit l’achat d’un test dans une pharmacie, loin du quartier et des rencontres inopportunes.

Lecture du mode d’emploi, mise en œuvre dans les toilettes des filles. Apparaît la barre sans appel : Claire attend un enfant.

Ou du moins est-elle engagée dans un Processus.

Le terme désigne le texte de Catherine Verlaguet. Dans son théâtre (Entre eux deux 2015) ou ses romans, l’autrice arpente régulièrement le monde des adolescents. Johanny Bert adapte ce court récit, construit comme un apprentissage contre la montre.

Car tout se bouscule à l’intérieur de Claire, le diagnostic irréfutable, le désarroi maladroit de Fabien, la réaction catastrophée d’une mère qui l’a tant couvée. Puis s’enchaînent les visites au planning familial, les consultations, l’énoncé des protocoles. Arrivent les doutes, les conseils, les promis-jurés aussi catégoriques que friables. Et demeure Le Processus. Son cœur ne bat pas encore mais il creuse sa place, à l’intérieur de Claire.

Outre son déroulé informatif, l'enchainement dépeint la pression et les interrogations qui dévastent l’adolescente, prise en tenaille par cet accident et le souvenir si proche, si doux des premiers mots, du premier baiser, de la première fois.

Juliette Allain est une Claire, vive, spontanée, déterminée, à l’image du texte et de la mise en scène.

Il va sans dire que Le Processus n’est en rien un réquisitoire contre l’avortement. Simplement, ce parcours de jeune combattante, souligne qu’une grossesse inattendue devient inacceptable lorsqu’elle hypothèque des existences. Et nous rappelle, enfin, que lorsque Le Processus s’enclenche, c’est d’abord dans le corps et la tête de la fille que tout se passe.

Le Train Bleu-MAIF : 15H40, jusqu’au 26 juillet.

https://www.theatredutrainbleu.fr/index.php/programmation/festival-2023/le-processus

Photographies :  Christophe Raynaud de Lage.

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