Une société d’êtres vivants

Jean Giono serait-il tendance ? Signée Clara Hédouin, l’adaptation de Que ma joie demeure ouvre, dès l’aube, quelques journées du Festival d’Avignon. En début d’après midi, dans le Off, Paul Fructus, sur un banc comme unique radeau, cingle à travers l’écriture tumultueuse du chantre de la Haute-Provence.

Pour son assemblage, l’acteur puise dans Un de Baumugne, Le Prélude Pan et Le Chant du monde. Giono-Paysages, visages, le titre traduit à bon escient, le style d’un l’écrivain, qui place l’humanité en osmose avec une nature à la fois âpre et majestueuse.

 

Expressionniste et pointilliste, la topographie des paysages, la peinture de la flore et la faune, alternent avec la recension de libations dionysiaques, au cours desquelles, les vins et les viandes se confondent avec le sang et les chairs.

Trapu, dans sa lourde veste en velours, tel un habitant des plateaux de Lure ou de Crémone, Paul Fructus clame Giono, à la virgule près. L’acteur donne corps à une société d’êtres vivants, une communauté abrupte et ardente, en réel décalage avec l’image éthérée et glorifiée qui entoure souvent le mythe, très en cour, du retour à la nature.

Au terme de l’expédition, résonnent les harmonies de Jean Sébastien Bach. Un choral après la bacchanale, Que ma joie demeure, la boucle est bouclée.

Le Petit Louvre-Van Gogh : 13H15, jusqu’au 29 juillet (relâche le mercredi)

https://theatre-petit-louvre.fr/avignon/giono-paysages-visages/

 

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