Alice et le lapin

 

Elle s’appelle Alice Fage. A chaque service elle arpentait ses 10 kilomètres, aux quatre coins du restaurant qui vient de baisser le rideau, suite au démantèlement des industries locales.

Mais Alice reste verticale. Alice est à fond. Le futur est à elle. Son visage n’a pas encore de rides, juste quelques plis dus aux sourires forcés.  Alice y croit. Suite à un entretien en ligne, la jeune femme décroche un job au service DRH d’une grande société.

L’outsider se fond dans le moule, Alice est corporate, cinq jours sur sept et le week-end, où une coach allumée façon World Company, la convainc des valeurs cardinales du labeur, de la famille et la flexibilité.

Lors d’un raout d’actionnaires, où est programmé un ballet de lapins (sic), Alice endosse la peluche puis éprouve quelques difficultés à s’en débarrasser.

Aurélia Tastet signe et joue La Motivation.

Verbe haut, corps délié, tonus inépuisable, la dame converse avec un logiciel, virevolte entre les personnages puis se fond dans un lapin chasseur et bien vivant.

Au fur et à mesure que s'éffrite son sens de l’orientation, Alice s'aventure dans des chemins de traverse. La satire iconoclaste verse alors dans une spirale intérieure où Lewis Caroll croise Franz Kafka, La Métamorphose s’invite au Pays des merveilles.

En permanent surrégime, Alice connaît une baisse de tempérament et tire le frein à main.

On arrête tout, on réfléchit et c’est pas triste.

Emprunté à L’An 01, bande dessinée utopiste signée Gébé (1929-2004), adaptée au cinéma en 1973 par Jacques Doillon, Jean Rouch et Alain Resnais, la phrase résonne au terme de ce seule en scène iconoclaste et engagé dans toutes les acceptions.

Villeneuve en scène, placé du cloître  : 19H, jusqu’au 20 juillet. Relâche le 14.

Réservations : https://www.festivalvilleneuveenscene.com/

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