Amies in utero

 

Aude et Lou se connaissent depuis toujours. Ensemble, elles se chamaillent, s’emportent, s’amusent lorsque leur soif d’émancipation se collète à des stéréotypes solidement inscrits dans une éducation.

Un jour Aude apprend qu’elle attend un enfant trisomique. La jeune femme partage avec son amie, la kyrielle de dilemmes et désarrois que suscite l’arrivée prochaine de cette personne à besoin particulier.

C’est dans la tourmente que se révèlent la solidité d’une relation et la vraie nature des sentiments. L’aphorisme charpente Gamètes dans lequel Rébecca Deraspe décortique le féminin tout au long d’un grand huit littéraire.

Le crucial se mélange au trivial, la crudité brouille une précieuse délicatesse. L’on s’égare parfois dans ce patchwork échevelé d’humeurs et de temporalités. Mais au diapason des deux protagonistes, l’on retombe toujours sur ses pieds. Car, au delà du portrait d’une époque, de la topographie d'une vie, des cortèges de paradoxes et d’injonctions, se dessine l'anatomie subtile et complexe d’une vraie amitié.

Pas une accointance de comptoir mais un lien tenace qui, confronté aux oxydations insidieuses où aux tétanisants coups de grisou, colmate les brèches, écope la coque et maintient un cap bien vertical.

De part et d’autre du ping-pong théâtral, évoluent deux formidables performeuses. Marie Hébert et Anaïs Merienne se renvoient la balle sans à coup, survolent les ruptures de ton sans la moindre dissonance. Comme à la parade, l’une et l’autre traversent un texte brillant, miné, escarpé à l'image de l’existence. Un parcours de combattante que l’on suit dans une évidente alacrité.

Artephile Théâtre : 12h15, du 3 au 21 juillet. Relâche le mardi.

Réservations :  https://artephile.com/

Photographies : Patrick Wack

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