Présenté lors du Festival 2021, Le cabaret des absents déroule une fantaisie inspirée d’une histoire vraie. En 1980, à Marseille, le théâtre du Gymnase fut sauvé de la démolition par un milliardaire américain. Selon ses dires, ce dernier fut conçu dans ce bâtiment où ses parents s’étaient réfugiés, un soir d’orage.
Le théâtre comme un refuge…, François Cervantès creuse cette approche dans Le repas des gens.
On ne savait pas qu’il y aurait autant de monde! s’exclame la dame (Catherine Germain) qui, suite à une invitation, survient avec son Robert (Julien Cottereau) pour dîner sur le plateau. Déjà incluse dans le cabaret.., cette situation se développe ici, au fil d’une rêverie, entre burlesque et mélancolie.
Le monde qu’on connaît c’est notre quartier. affirme la convive. François Cervantès goûte la poésie de la topographie. Le rouge éternel des coquelicots (Avignon 2019), s’inspire d’une sandwicherie, voisine de la Friche Belle de mai, siège de l’Entreprise du dramaturge. Dans Le repas des gens, un couple s’aventure dans un théâtre proche de chez eux et pourtant si loin d’eux.
Amorcé dans le loufoque, le dîner oblique vers l’insolite, personnifié par le serveur (Stephan Pastor) qui, semble-t-il, met rarement le nez dehors, puis dans une dimension traversée de fantômes et d’apparitions (Fanny Giraud, Lisa Kramatz).
L’espace d’une soirée, des riverains, un régisseur, un spectre, une jeune femme par inadvertance, ébauchent une communauté, au cœur d’une mémoire, au milieu des mystères inscrits dans un asile où ils trouvent leur aise.
Cervantes utilise à merveille la profondeur du plateau des Halles, de laquelle émerge une ombre où se déclenche de douces précipitations. Les coulisses, la scène deviennent une aire d'élection pour la mémoire, les légendes, l’imaginaire. Une bulle où se colmatent la solitude, l’ennui qui lézardent le quotidien.
Aux côtés de Raoul, son épouse (qui a une sacrée descente), ce régisseur agoraphobe, à la fréquentation de ces merveilleux et souvent fidèles interprètes, l’on partage ce Repas des gens, avec un grand plaisir et une profonde émotion.
Théâtre des Halles : 18h45, jusqu’au 21 juillet.
Réservations : https://www.theatredeshalles.com/
Du même auteur : La table du Fond avec Stephan Pastor et Anna Bouguereau, 10H30, 11-Théâtre, jusqu'au 21 juillet.
,Photographies : Christophe Raynaud de Lage.