Camille Claudel, née en 1894, morte en 1920.
Une rose pour Camille s’ouvre sur la lecture de plusieurs notes biographiques qui amputent de 23 années, la vie de l’artiste décédée en 1943. Ces mois manquants (30 ans précisément), elle les passa, derrière les murs de l’hôpital psychiatrique de Montdevergues, à quelques kilomètres d’Avignon.
Laure Vallès met en scène le texte qu’elle a tiré de la correspondance de Camille et des archives de l’hôpital. Une rose pour Camille suit le trajet de l’aînée d’une famille bourgeoise, passionnée par l’art sculptural, ses études aux côtés Alfred Boucher puis sa relation passionnelle avec Auguste Rodin.
A la fois égérie, maîtresse et première main du maître, Camille, l’artiste, la femme sera ostracisée par son amant, ses pairs et sa famille. Cette incompréhension la plongera dans la solitude et la dépression, jusqu’à son internement dans le Sud de la France.
Comptes-rendus de la déréliction de la malade (sous alimentation, perte de poids) et des conditions de vie dans l’établissement (hygiène aléatoire, emprise du froid), les rapports médicaux constituent le carburant dramatique de la seconde partie de la nouvelle création du Théâtre de l’Autre Scène.
Depuis plus de trente ans, cette compagnie développe ses activités au sein du CHS de Montfavet (ex Montdevergues). Fédérant, professionnels et amateurs, résidents et soignants, L’Autre scène participe, en juillet, au Off Avignon.
Emmenés par Carole Guidotti, Camille entreprenante et frémissante, cinq interprètes activent ce récit de vie, qui traverse la première moitié du XXème siècle, dévasté par deux guerres mondiales.
L’utilisation des portraits sur chevalet, le recours à des parallélépipèdes qui renvoient aux blocs de marbre, aux murs d’une cellule, à la claustration de la névrose, participent d’une scénographie judicieuse. Au milieu de ces machines à jouer, la vivacité des interprètes habite le destin d’une femme qui choisit d’être artiste à une époque où seuls les créateurs semblaient dignes d’intérêt et recevables aux honneurs.
A la fois fresque historique et tragédie intime, Une rose pour Camille allie l’ambition, la rigueur et l’invention, dans un travail qui dépasse largement le stade de l'activité-thérapie.
Une rose pour Camille : 13H45, du 3 au 21 juillet, Fabrik Théâtre. Relâche les 4, 6, 8, 9, 11, 13, 15, 16, 18 juillet
En alternance avec : Ah si vous saviez comme on voudrait fuir , d'après les contes d'Anton Tchekhov , 13H45, les lundi, jeudis et samedi.
Réservations : http://fabriktheatre.fr/