Une famille à Fréjus, le père élève ses filles comme les fils que la mère ne lui a pas donnés. D’ailleurs s’il n’était pas là, tout s’effondrerait. L’épouse ne dit rien et parle à son chien. Jeanne elle, entre comme elle peut, dans sa peau et l’existence.
Julie Duval égrène l’enfance d’une jeune fille qui découvre la vie sur le terrain, du filet de sang qui s’écoule sur sa cuisse, jusqu’à une première sortie en boîte qui finit très très mal.
Désemparée, elle quitte le Sud pour la capitale. La bosseuse assure le quotidien puis, un jour, pousse la porte d’un club de boxe. Pas le style anglais où seuls travaillent les poings mais la pratique thaïlandaise qui sollicite les coudes, les pieds et les genoux. Par la suite Jeanne s’aventure dans un cours d’art dramatique où elle découvre la portée des textes, la magie de la poésie.
Dans le domaine très encombré des souvenirs d’enfance et autres récits de vie, L’odeur de la guerre puise sa singularité dans un double parcours initiatique, au fil duquel un esprit s’ouvre et un corps se délie. Par ailleurs, au même titre que dans la boxe il n’y a pas d’adversaires mais des partenaires, Jeanne trouve sa voie et construit sa résilience, sans refuser la compagnie et les conseils des hommes. A commencer par Francesco, le coach dont le langage rugueux, dissimule une attention, une prévenance dont son élève a été si longtemps privée.
Dans le sillage de Philippe Caubère, Julie Duval anime son petit théâtre. Affûté comme jamais, son corps connait un accouchement mémorable avant de subir l’insupportable. Mais il rebondira dans les cordes et sur les plateaux.
L’odeur de la guerre ménage le tonus et la délicatesse comme les grandes comédies italiennes dosaient la faconde et l’âpreté.
Chapeau bas, signorina.
L'odeur de la guerre : 18H20, du 11 au 21 juillet, Scala Provence. Relâche le lundi.
Réservations : https://lascala-provence.fr/programmation/l-odeur-de-la-guerre/
Photographies : Thomas O'Brien