L’homme à la tête fraîche

 

Un compagnonnage de longue haleine avec Serge Valletti, des incursions dans les écrits météores de Christophe Tarkos (1963-2004), Christian Mazzuchini prise les triturateurs de phrases qui lézardent l’outrecuidance, qui extirpent les fragilités masquées derrière les envolées. Il était inévitable que l’acteur se penchât un jour sur le cas Jean-Louis Fournier.

Écrivain, réalisateur de télévision, acteur à ses heures, il fut un proche de Pierre Desproges, avec lequel il mit en boîte quelques 99 Minutes nécessaires de Monsieur Cyclopède (1982). Pour de De la paille dans ma tête, sous-titré histoires pour distraire ma psy, Mazzuchini malaxe les écrits et interviews du polygraphe.

Au plateau, port élégant, accent chantant, un Sacha Guitry de la Castellane patiente dans une antichambre, nichée sous une avenante véranda. Une fois survolées les revues défraîchies, le patient, qui va mieux, qui va mieux, qui va de mieux en mieux, s’épanche sur tout, sur lui, sur rien.

 

La servitude vocale de S.O.S Détresse, un charisme irrésistible mais hélas mal compris, des deuils irréparables, la nature soigneusement dégradée.., à l’intérieur de son bocal, le bonhomme zigzague du coq à l’âme.

Anecdotes, formules, traits d’esprits et calembours.., ça pique, ça fuse, ça gesticule, ça étourdit.

Arrivé à un certain âge, un CV relève de l’archive.

Derrière les lazzis, les harangues et les facéties, s’infiltre une panique empanachée, face à l’érosion de la vieillesse et son inévitable échéance. Nimbé par les lumières tchékhoviennes distillées par Eric Valentin, flanqué de la fidèle Miss le Minoux et la délicieuse Gina, Mazu flane à nouveau entre les failles, drapé dans un élégant vague à l’âme.

Via la prose du sieur Fournier, ce quidam plein de paille dans sa tête, prodigue sa mélancolie dans une réjouissante distinction.

Du 29 juin au 21 juillet, 16H45, Théâtre du Balcon. Relâche le jeudi.

Réservations : https://www.theatredubalcon.org/festival/

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