La dame et la tapisserie

 

Sur le sol un matelas : nous sommes dans une chambre. Une femme écrit. Mais ça la fatigue. Elle pose alors sa plume et fixe le mur recouvert de papier peint.

De l’extérieur sourdent les bruits de la maisonnée. A l’intérieur se ressasse un journal intime. Au fil de la confession s’insinue une endémique mélancolie. Mais John est là, auprès de son épouse à qui il prodigue des soins d’une évasive prévenance.

Inspiré par The Yellow Wall-Paper, nouvelle de l’écrivaine américaine Charlotte Perkins Gilman (1860-1935), Le Papier peint jaune glisse de l'érosion du quotidien vers une plongée au plus profond de la neurasthénie.

Sonorités tourbillonnantes, mirages organiques, Lætitia Poulalion et Mathilde Levesque accolent une dimension sensorielle à l’anatomie mentale. L’intensité plastique convoque le cinéma.

Le contexte victorien renvoie à Miss Giddens, la gouvernante tourmentée des Innocents (Jack Clayton 1960), admirable adaptation duT our d’écrou (Henry James-1843-1915). L’on songe encore aux perceptions névrotiques qui submergent Caroll, la manucure esseulée, figure centrale de Répulsion (Roman Polanski 1965), inégalable dissection d’une psyché chancelante.

Cinéma toujours, les pyramides viscérales édifiées dans les bandes de David Cronenberg enveloppent l’élévation finale de la rédactrice, à laquelle Lætitia Poulalion confère une parole méthodique, une diction cristalline, qui amplifient encore les failles profondes du caractère.

Comme son titre peut le suggérer Le Papier peint jaune s'affirme comme un sommet du théâtre de l’âme, sublimé ici, par une éclatante inspiration picturale.

Théâtre Transversal, 14H30, du 29 juin au 21 juillet. Relâche le mardi.

Réservations :  https://theatretransversal.com/?page_id=2382

Photographies: Luca Iomazzi.

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