La louve et les chasseurs

 

Chez Eloïse Mercier la contemplation relève de l’envoûtement. Joué à Avignon en 2019 et 2021, Une goutte d’eau sur un nuage, relate un épisode amoureux au cœur de Saïgon, en un entrelacs de sensations (lignes de chaleur dans l’abdomen), d’observations (gouttes de condensation le long d’une vitre). Dans Les Meutes, la même image apparaît mais à l’échelle supérieure. Car au cocon d’Indochine, se substituent les hautes altitudes et de vastes forêts.

Dans une douceur méthodique, une voix féminine raconte une entrée dans la vie.

Le temps avance, le récit s’écoule et le timbre prends corps. Emergence des premières griffes, éclosion des sensations. Expériences, émotions.

Des aventures à l’attachement, plénitude et communion, c’est une belle histoire. Jusqu’à ce que s’amorcent les mécanismes de la tradition, qui ploient les idylles sous le joug des engagements.

Aux côtés de Gautier Boxebeld, Eloïse Mercier donne corps à cette chronique d’un malentendu.

L’art de l’accessoire : un sofa, une lampe, quelques ballons.., les constructions visuelles et sonores ouvragées par Vincent Béranger, orientent les chapitres, du compte rendu vers les méandres du conte.

La recension minutieuse oblique un discours intérieur où les louves se confrontent aux ogres, où des nemrods, sortis de La Traque, film de Serge Leroy (1975) prolongent les rites ataviques d’une fête de mariage.

Au fil des Meutes, Eloïse Mercier, instille le mythe et la légende dans les anfractuosités du quotidien. La tranche de vie se ramifie en un chemin d’accomplissement.

Un vérisme envoutant ciselé par une orfèvre du frémissement

La Manufacture Saint-Chamand : 12H20, jusqu’au 21 juillet, Relâche le mardi.

Réservations : https://lamanufacture.org/programmation/les-meutes/

Photographies : Vincent Béranger.

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