Celle qui ne dit pas a dit relève d’un exercice de style construit sur le verbe dire.
J’ai dis relève de l’affirmation, tu a dis appelle un retour, Il a dit implique un commentaire, voire amorce une rumeur. Aux côtés de Sonia Georges, et Mayte Perea Lopez, Sarah Pèpe manipule ces multiples acceptions.
Il y donc Celle qui dit, Celle qui dit après et Celle qui ne dit pas. La première chamaille la seconde. Jusqu’à ce que la troisième se mette à son tour à dire.
Le prétexte adopte cependant une dimension spécifique car les trois diseuses officient, c’est ce que suggère la mécanique de leur gestuelle, dans un entrepôt de manutention.
L’inscription dans le monde du travail donne une dimension sociale à cette polyphonie oulipienne. Peur de perdre, crainte de la précarité, esprit corporate.., la prise de parole devient défi à l’autorité. L’acte est dangereux et source de dissensions.
Sans se départir de sa virtuosité langagière, Sarah Pèpe déroule une narration, un suspense politique qui se prolonge dans un récit d’émancipation. Se dessine également la chronique d’une camaraderie, source d’une sororité frappée du sceau de l’expérience.
Celle qui ne dit pas a dit porte une parole féminine dans laquelle l’engagement n’exclue pas la malice, où la pensée n’élude en rien l'attrait du spectacle.
Lila's Théâtre : 14H05, jusqu'au 21 juillet.
Réservations : https://www.passageprod.com/theatre-des-lila-s/
Photographies : Clara Amsellem.