Une affaire de famille

 

Dans Moman, il y a un enfant qui bombarde sa maman d’interrogations. Moins pour avoir des réponses que pour sentir une présence et assouvir sa crainte de l’abandon. Il faut dire que Popa était à ce point nerveux, qu’il est parti sans payer l’électrique. Et depuis, Fifille pousse un peu sur le Chasse cafard.

Les questions-réponses, entre la mère et le fils, se doublent d’un spectacle familial, dans lequel une comédienne, un comédien s’abandonnent aux bons soins de leur fille metteure en scène.

Noémie Pierre place donc ses parents dans un cube de toile. On pense à ces penderies en tissus, faute d’être en bois ou aux cabanes en coussins et couvertures que l’on se fabriquait au pied de son lit. Car Moman est une pièce de chambre, une partition syncopée, restituée par le timbre métallique de Hervé Pierre et les inflexions plus onctueuses de Clotilde Mollet (par ailleurs émérite violoniste).

Le duo distille une petite musique, lueur tenace au cœur d'une nuit d’opprobre et de dénuement. Se déroule une conversation âpre et douillette, où dans une une langue réchappée, la patience laconique de Moman assouvit les craintes endémiques de son Louistiti. Même si parfois Zigotto tempère la blouse maternelle.

Forte de la complicité parentale, Noémie Pierre mélange les genres. Hervé campe une matriarche essorée mais placide, Clotilde est son Chipounet, à la crinière piquée à Harpo Marx (qui à la scène ou l’écran n’a jamais rien prononcé).

A la fin survient un coup de théâtre. Le temps a passé mais l’amour est toujours là. Pour le mal de mère, l’on repassera.

La Scala Provence : 10H15, jusqu’au 21 juillet. Relâche le lundi.

Réservations : https://lascala-provence.fr/

Photographies : Thomas O'Brien.

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