En langue arabe, il n’existe pas de traduction au terme colonisation. Fort de cette constatation Salim Djaferi part à la recherche du mot inconnu. De lexicologues en érudits, l’enquêteur aboutit à Colonisation : posséder sans autorisation. L’équivalence ouvre de multiples perspectives qui dépassent le seul dictionnaire.
Le narrateur tire le fil d’une pelote consciencieusement embrouillée. Cahin-caha il quadrille le plateau d’un étendage d’objets, de documents, comme autant d’appendices à ses investigations. Une bouteille, une éponge et une spectatrice sollicitée au hasard dans l’assistance, permettent d’appréhender l’ambivalence des perceptions. De là surgit une évidence : le recours au langage est une affaire de point de vue.
Pour passionnant qu’il soit, le récit verse, dans la durée, vers le compte rendu magistral. Mais un coup de théâtre relance l’intérêt et élargit encore le questionnement.
Joignant le geste à la parole, Salim Djaferi décortique les non dits dissimulés dans le vocabulaire, les arrière pensées tapies derrière formules et locutions. Spirale savante et souriante, Koulounisation se termine par un escamotage, point final d’une annexion, d’un remplacement.
Vertigineux et captivant.
Koulounisation : 12h Théâtre des Doms, jusqu’au 29 juillet, relâche le 19 et le 24).