Signé François

Cinéaste réputé, François Truffaut (1932-1984) fut un prolifique épistolier. Truffaut-Correspondance livre une esquisse d’autobiographie à travers une sélection de missives. Accompagné par Antoine Ouvrard qui pianote les mélodies de Georges Delerue ou Cyrus Bassiak, David Nathanson interprète des lettres, suite d’adresses à des amis, collaborateurs ou anonymes.

La proposition retrace les grandes étapes d’une carrière qui s’entame dans la critique cinématographique, en particulier aux Cahiers du cinéma où, aux côtés de Claude Chabrol, Eric Rohmer, Jacques Rivette, Jean-Luc Godard, le jeune François nourrit le creuset de la Nouvelle Vague.

A ce sujet, l’adresse à ce dernier, constitue le point d’orgue de la sélection. Rigueur de l'analyse, limpidité du vocabulaire, la lettre d’une longueur inhabituelle, devient un acte de rupture irrémédiable, enveloppé d’une colère froide et argumentée, envers celui qui cultive la facilité de la formue et le confort du mystère.

Couvertures de magazines, entêtes, photographies défilent dans un lent travelling projeté en arrière plan. La contextualisation reste parcellaire. A charge au spectateur de déterminer les noms qui se cachent derrière certains prénoms.

Écartant la correspondance amoureuse, Truffaut fut pourtant un grand séducteur, la sélection aborde une enfance maltraitée, puis l’amour filial pour André Bazin critique-écrivain, qui fut un paternel putatif et son père de cinéma. Rapport père fils encore, vis à vis de Jean-Pierre Léaud, alias Antoine Doinel, alter égo à l’écran et, au quotidien, filleul de tous les instants.

Timbre de baryton-basse, David Nathanson donne corps à ces courriers, rédigés dans un style agile et plein d’esprit. De toute évidence pour l’auteur, la correspondance était un témoignage de considération, une preuve d’affection. Et lorsqu’une réponse tardait, il relançait son interlocuteur dans une impatience teintée d’une vague inquiétude et d’une réelle tendresse, comme en témoignent les écrits adressés à Alain Souchon, acteur et compositeur pour L'Amour en fuite (1979).

Au delà de l’homme et de l’artiste, Truffaut-Correspondance reflète un art de vivre qui donne du temps à la réflexion et de l’espace à l’expression. François Truffaut est mort jeune (52 ans), qu’aurait-il pianoté sur ses mails et SMS ?

Truffaut-Correspondance : 14H40, Théâtre Transversal, jusqu’au 25 juillet.

https://theatretransversal.com/

 

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