Adorable menteuse

Actualité du 26/09/2021

Anaïs n’arrête pas. Elle court, toujours, dans tous les sens. Elle entreprend beaucoup mais ne finit rien. Pour saisir, pour s’en sortir, Anaïs cause, baratine, étouffe les antagonismes sous un torrent de mots, accompagné d’un irrésistible sourire. Au gré de ses envies, Anaïs dévore l’instant, sans peur et sans scrupules.

Les amours d'Anaïs est propulsé par Anaïs Demoustier, une tornade colorée à la barre du véhicule que lui a confectionné Charline Bourgeois-Tacquet. Marivaudage primesautier, visage de porcelaine, l’on se remémore avec plaisir l’Adorable menteuse composée en 1962 par Marina Vlady pour Michel Deville.

Toujours de ce monde mais quelque peu oublié depuis son dernier film : Un fil à la patte (2005), ce dandy hors des modes et des cénacles s’affirma comme un filmeur méticuleux, disciple de Marivaux et, à ce titre, observateur inlassable des mécaniques du désir. La légèreté désenchantée propre à l’auteur de Benjamin les mémoires d’un puceau (1968), Raphaël ou le débauché (1971), La lectrice (1988), irrigue Les amours d'Anaïs.

A ceci près que l’insouciance des années 60 a vécu face au culte de l’immédiat. De même que Juliette l’adorable menteuse, s’assagit face au bouleversement des sentiments, Anaïs ralentit lorsque Émilie (Valeria Bruni-Tedeschi) la garde à distance. Lame de fond ou accalmie passagère, la question peut se poser vis à vis d’une jeune femme qui selon ex petit ami avance dans la vie comme un tank.

Retour à la liste des articles