Bain de sang chez les Bisounours

Actualité du 29/12/2022

Unicorn Wars (Les Guerres des Licornes) oppose les dites licornes à des oursons pour lesquels le sang de leurs ennemis constitue un nectar inégalé. Les yeux de biche des unes, les morphologies arrondies des autres, renvoient à une féérie enfantine proche des Teletubbies, série pour très jeunes spectateurs en vogue sur les petits écrans à la fin des années 90.

La comparaison s’arrête là. Dans une caserne, deux frères jumeaux : Célestin rêve de massacres vampiriques, Dodu lui, adore les myrtilles et les marques d'affection. Bien que peu expérimentés, les deux conscrits sont enrôlés dans une mission à haut risque. Gradés arrivistes et incompétents, aumônier va-t'en guerre, la condition militaire est agonie pour le compte. Le désastre peut commencer.

Six ans après Psiconautas, tragédie écologiste réalisée avec Pedro Rivero, le dessinateur Alberto Vazquez persiste dans l’esthétique merveilleuse et les animaux anthropomorphisés. Outre le conte de fée, Unicorn Wars malaxe des influences multiples : paraboles bibliques (Caïn et Abel), tragédies shakespearienne (Richard III), références cinématographiques (Dracula, Full Métal Jacket et quelques Nasty Movies).

Vazquez écarte la satire attendue au profit d’une fresque radicale qui, de son propre aveu, tente de montrer comment le fanatisme peut construire un récit de guerre et guider l’opinion publique. Corroboré par le conflit Ukrainien (son origine et son actuel développement), ce propos universel sidère, voire tétanise par l’irréductibilité de son analyse et la virulence de son imagerie.

Anti-fable sans morale, Unicorn Wars est une fantasmagorie déstabilisante par sa noirceur assumée et excitante dans son obstination pour fracasser manipulations et stéréotypes. Une descente aux enfers qui dévale très très juste. Un sacré film.

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