Comme bon nombre de cinéastes américains indépendants, Richard Linklater effectue des va-et-vient entre des productions de studios ou de plates formes (Rock Academy 2003, Hit Man 2023) et des bandes personnelles : la trilogie Before… 2004-2013, Boy Hood, chronique familiale tournée entre 2002 et 2013.
Les films pour moi, c’était Hollywood. J’aimais bien le cinéma, mais je n’aurais jamais imaginé en faire un métier. Quand j’ai vu À bout de souffle et d’autres films de la Nouvelle Vague, je me suis dit : Donc, c’est possible ?
Avec Nouvelle Vague, le texan paie son tribut à cette époque décisive et à Jean Luc Godard en particulier.
Il ne s’agit pas de refaire À bout de souffle, mais de le regarder sous un autre angle. Je veux plonger ma caméra en 1959 et recréer l’époque, les gens, l’ambiance. Je veux traîner avec la bande de la Nouvelle Vague.
Je l’ai dit à tous les acteurs : « Vous ne faites PAS un film d’époque. Vous vivez l’instant présent. Godard est un critique reconnu mais c’est un réalisateur qui débute. Vous vous amusez à tourner avec lui, mais vous vous demandez si ce film sortira un jour…
En contrepoint avec La Nuit américaine (François Truffaut 1973) et plus récemment Making Of (Cédric Khan 2023), Nouvelle Vague ne raconte pas la réalisation d’un film imaginaire mais la genèse d’un titre phare de l’histoire du 7ème Art.
Ancienne journaliste de cinéma, la coproductrice et coscénariste Michèle Pétin-Halberstadt garantit l’exactitude du contexte et des évènement. À la reconstitution historique, Linklater insuffle l’énergie roborative dans laquelle baignait ce filmage débridé, conduit par un excentrique turbulent et imprévisible.
Réalisée en noir et blanc, cette apologie joyeuse de l’action collective est, à l’exception de Zoé Deutch vue dans Juré n°2 (Clint Eastwood 2024), interprétée par des inconnus qui personnifient des personnes réelles, voire des êtres légendaires : Claude Chabrol (Antoine Besson), Jean-Paul Belmondo (Aubry Dullin).. . Et bien sûr Jean-Luc Godard.
Photographe, formé à l’École Supérieure de Réalisation Audiovisuelle et l’Actor Factory, Guillaume Marbeck chausse les lunettes fumées et emprunte la diction nonchalante du critique inattendu, du trublion un peu voyou, du jeune loup chaviré par l’impatience de tourner son premier film.
Rencontre avec Guillaume Marbeck, de retour à Avignon, dans les salles Utopia, l’un des cinémas de son enfance.
Nouvelle Vague : à découvrir en avant-première, jusqu’au 2 septembre, cinéma Utopia Avignon.
En sortie nationale à partir du 8 octobre.
Photographies : ARP Distribution.