Au même titre que les récents Freaks Out, Men, NOPE.., Le Bal de l’enfer (titre original: L’invitation) hybride diverses influences tout en surfant sur l’air du temps. Ainsi Evie, l’héroïne (Nathalie Emmanuel) est une jeune métisse accablée par la disparition de sa mère. Suite à un test ADN, Evie la new-yorkaise se découvre des racines britanniques via sa branche paternelle. Une rapide prise de contact et elle délaisse sa colocation pour un auguste manoir aux portes massives, escalier majestueux, argenterie rutilante et servante dédiée.
La réalisatrice et co-scénariste, Jessica M. Thompson (elle même australienne d’origine maltaise) combine divers aspects de la mythologie victorienne : élans romanesques et intrigues ancillaires façon Upstairs-Downstairs ou Downton Abbey, stratagème dangereux digne d’Agatha Christie, épouvante gothique ancrée dans la littérature anglo saxonne du XIXème siècle et codifiée à l’écran par la Hammer Film.
Ambitieuse et astucieuse, la concoction exhale une saveur mitigée. Les poses appuyées de Walter, maître des lieux incarné par Thomas Doherty dans une imitation crispée de Sean Connery du temps des premiers James Bond, la platitude accablante de ses échanges, à priori séducteurs, avec la nouvelle venue, relèvent d’un ridicule que l’on espère nourri de second degré.
La bande son assourdissante et le recours éculé au « jump scare », gâchent certaines scènes d’effroi par ailleurs finement agencées. Car jusqu’au banquet final l’on ignore la nature du monstre qui règne sur la maison. A cet instant, Le Bal de l’enfer atteint une démence au sein de laquelle les stéréotypes de genre, les indignations Mee Too et la violence de classe distillent un carburant dramatique à la fois efficace, spectaculaire et non dénué de clairvoyance.
Mixture opportuniste façon NOPE ? Hommage inégal et néanmoins sincère à une imagerie enrichie de substrats revendicatifs ? Le Bal de l’enfer hésite. On le classerait volontiers dans la seconde catégorie.