Comme à la radio

Actualité du 23/11/2021

Les magnétiques s’ouvre sur l’apparition du visage de François Mitterrand, élu président de la République. Nous sommes au printemps1981 dans un village façon Groland où le coiffeur est fermé entre midi et deux mais le café ouvert de l'aube au crépuscule. Philippe (Timothée Robart) et Jérôme (Joseph Olivennes) vivent avec leur paternel dans une maison recouverte de papier peint des murs aux plafonds. Le trio anime le garage local, Philippe à la compta, Jérôme et le père dans le cambouis.

Le soir, les deux frères animent une radio pirate. Jérôme le fort en gueule est au micro, Philippe le timide, aux manettes. Philippe est amoureux de Marianne (Marie Colomb) qui couche avec Jérôme. Un soir il emprunte la voix de Marianne qu’il mixe, dédouble, distord, transfigure. Grâce à une platine, une rangée de cassettes, un Revox et quelques boucles, Philippe établit le contact et trouve sa voie.

Les magnétiques travaille les contrastes entre vignettes nostalgiques et drame naturaliste, envol d’une génération et crépuscule d’une époque. L’effervescence de 81 s’abîme dans la rigueur de 83 et l’épopée des radios libres dans les tentacules des réseaux privés. Le service militaire vit ses derniers feux, Le mur de Berlin vacille, les années fric ne vont pas tarder.

L’entreprise puise son originalité dans son caractère principal, provincial introverti qui aux mots préfère les sons, dont certains empruntés à Iggy Pop, Joy Division, Marquis de Sade … . Pour son coup d’essai, Vincent Maël Cardona mène son récit dans une maîtrise inventive et parfois virtuose (les séquences de mixage relèvent de la bravoure visuelle et… sonore). Portée par de nouveaux visages, Les Magnétiques est une bande originale à voir et à écouter. Précisons pour finir que Thimotée Robart alias Philippe est à la base perchman-preneur de son. Ainsi la boucle est bouclée.

Retour à la liste des articles