complot acouphènes et parano

Actualité du 03/10/2021

Les écoutes du Watergate et leur conséquence ultime : la démission du président Nixon, générèrent au fil des années 70, un certain nombre de thrillers (A cause d’un assassinat 1974, Capricorn One 1977, Morts suspectes 1978...) dont la paranoïa serait de nos jours qualifiée de complotiste.

Friand de manipulations (Un homme idéal 2015), fasciné par les troubles de l’audition (Écho, premier court métrage réalisé en 2006), Yann Goslan renoue dans La boîte noire avec ce cinéma de la défiance.

Le crash du long courrier Paris-Dubaï provoque l’intervention du Bureau d'enquêtes et d'analyses pour la sécurité de l'aviation civile (BEA). Suite à la disparition mystérieuse de son supérieur, Mathieu Vasseur (Pierre Niney) récupère l’examen de la boîte noire. Ce pilote empêché par une vue défaillante développe en retour une acuité auditive digne de Sherlock Holmes.

Il va sans dire que les remarques et les hypothèses de Vasseur remettent en cause les conclusions officielles. Solidement documenté, le film décrit les processus d’enquêtes consécutifs à un accident. Au fil des étapes apparaissent les liens sophistiqués et souvent consanguins qui lient organismes publics et consortiums privés (la société Atrian renvoie de toute évidence au consortium Airbus).

Manœuvres « lobbistiques » ? Divagations d’un technicien frustré ? Les ultimatums péremptoires des décideurs, les attitudes introverties de Vasseur alimentent l’ambiguïté.

Chambres d’écoutes sombres et exiguës, couloirs opaques, extérieurs blafards, voire ténébreux, la direction artistique s’accorde au sous entendus mystérieux et autres situations dangereuses. La tension est assurée jusqu’au dénouement, imprévisible à bon escient.

Tout ceci façonne un thriller soigneusement pensé, efficace et bien joué, dans lequel l’on découvre enfin à quoi ressemble la fameuse Boîte noire, qui par ailleurs serait plutôt rouge.

Photographies: Thibault Grabherr.

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