Des gens du Nord

Actualité du 23/10/2021

Dans son nouveau film et comme à son habitude, Samuel Benchetrit écrit des rôles sympas pour des acteur sympas (y compris et pour une fois Joey Starr). Flanqué de Bouli Lanners, ce dernier forme un duo de tueurs taiseux, aux antipodes de John Travolta et Samuel L. Jackson, les dessoudeurs verbeux de Pulp Fiction (1994). Gustave Kervern prête sa tignasse et son regard de chien mouillé à un comptable expert es-rectification de comptes et autres erreurs de casting.

Le trio est au service d’un parrain made in Dunkerque, spécialiste du « tombé du camion ». A ses côtés : son fils adoptif (Ramzy Bedia), Cyrano malgré lui et son épouse apathique, un contre emploi aux mesures de Valéria Bruni Tedeschi que l’on a connue plus énervée. Enfin et cerise sur le Waterzoï, Vanessa Paradis bégaie en apprentie coiffeuse mais elle déclame lorsqu’elle arbore le chignon de Simone de Beauvoir.

Car ces tranches de vie et de mort (subite), s’entrecroisent au fil des répétitions d’une comédie musicale, inspirée par les relations entre Simone et Jean-Paul Sartre. Avec la complicité de Gabor Rassov qui, comme toujours, manie le gore et le macabre dans une finesse éclairée, Benchétrit combine ses thèmes de prédilection : rapports de couple, de filiation et références cinéphiles auxquelles s’ajoutent ici l’amour du théâtre et des saltimbanques.

Nimbée d’une lumière qui suinte le vent, l’ennui et la mer crayeuse, Cette musique ne joue pour personne fleure la nonchalance iconoclaste du duo Delépine et... Kervern (Effacer l’historique 2019), eux aussi accros au laconisme chaleureux du finlandais Aki Kaurismaki (De l’autre côté de l’espoir 2017, Havre 2011). Autant de judicieuses références pour un film modeste et (très) bien ficelé. On remarquera pour terminer que le rôle du metteur en scène du « musical » est tenu par le réalisateur Bruno Podalydès (Les deux Alfred 2020). Décidément Samuel Benchetrit a de bien belles fréquentations.

Retour à la liste des articles