En pause dans son couple, Alphonse est en probation chez « The box », start-up en pointe qui accorde à son personnel une absolue liberté en échange d’une totale disponibilité. La procréation classée faute grave, le père de deux très jeunes bambins, se raccroche à Archimboldo, auto-entrepreneur de passage, spécialiste es-reconditionnement.
Écrit et joué à quatre mains par Bruno et Denis Podalydès, Les deux Alfred n’est pas sans évoquer A la vie à la mort de Robert Guédiguian qui, dès 1995, contait la naissance d’une communauté de laissés pour compte. Ces êtres obsolètes on les retrouve dans Adieu les cons. Mais à la colère iconoclaste de Dupontel, les « Podalydés » préfèrent la ligne claire façon Hergé (Bruno Podalydès est un passionné de Tintin) et la pique mouchetée façon Sempé chez qui le monde toujours trop grand pour ses habitants.
Ces caractères, ces silhouettes sont interprétés par la bande au grand complet : Isabelle Candelier, Patrick Ligardes, Michel Wuillermoz, Philippe Uchan, Jean-Noël Brouté et désormais Sandrine Kiberlain. Six ans après Comme un avion, la comédienne (à l’aise partout) retrouve l’un de nos orfèvres de la comédie ( il y en reste quelques uns). On sort des Deux Alfred rasséréné, avec la certitude chevillée au cœur que le bien être de l’humanité est incompatible avec les ressources humaines.