Entre Spielberg et série B

Actualité du 25/10/2025

 

Cédric Jimenez aime les histoires policières, d’autrefois : La French (2014) sur les filières narcotiques des années 70 ; et d’aujourd’hui : Bac Nord (2021), Novembre (2022). Avec son nouveau film, le réalisateur se collette à l’anticipation.

Inspiré du roman dystopique de Laurent Gaudé (Actes Sud 2022), Chien 51 suit les pérégrinations dangereuse d’un duo d’inspecteurs à travers un Paris de demain, segmenté en secteurs sociologiques.

Le récit s’ouvre sur l’assassinat de Kessel (Thomas Bangalter), concepteur de Alma, système informatique qui régit le maintien de l’ordre dans la métropole. Tête de lard placardisée dans la Zone 2, le ghetto des déshérités, Zem (Gilles Lellouche) s’associe à Salia (Adèle Exarchopoulos), inspectrice d’élite en service sur la Zone 1, le district des nantis.

Les péripéties investigatrices se succèdent au sein d'une fédération où certaines activités régaliennes, tel le maintien de l’ordre, sont déléguées à des acteurs privés, friands d’intelligence artificielle.

Drones, caméras, détecteurs en tout genre, l’espace public régenté par les technologies de surveillance, se restitue dans une direction artistique qui impressionne par son ampleur et son soucis du détail.

Au contexte se greffe une énigme qui reprend à son compte un nœud dramatique largement développé dans 2001 l’Odyssée de l’espace (Stanley Kubrick 1968), Le Cerveau d’acier (Joseph Sargent 1970), Mondwest (Michael Crichton 1973) ou encore Génération Proteus (Donald Cammel 1977).

L’inspiration rétro-futuriste entre en résonance avec une réalisation percutante. Car chez Cédric Gimenez, le cinéma se définit par la déclinaison de poursuites, affrontements, déflagrations.., qu’il organise avec un brio évident et une réelle efficacité.

Chien 51 réveille le souvenir de New-York 1997 (John Carpenter 1981) ou de certaines productions Roger Corman (1926-2024). Sur l'écran, l'on suit une bonne bande de série B, augmentée du budget de Minority Report (Steven Spielberg 2002).

Valeria Bruni Tedeschi, Romain Duris, Louis Garrel passent une tête, Gilles Lellouche, Adèle Exarchopoulos se tanquent au premier degré, tout au long de cette dystopie surcompressée qui défonce les portes ouvertes mais témoigne d'une maîtrise de l'action et d’un goût du spectacle, propres à titiller le plaisir du spectateur.

Photographies : Chi-Fou-Mi, Studio Canal, Artemis Production

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