Ghost in the machine

Actualité du 14/11/2023

Five nights at Freddy’s désigne un jeu vidéo, conçu en 1994 par Scott Cawthon. Cloîtrés dans un restaurant à l’abandon, les participants doivent résister, cinq nuits durant, aux assauts des poupées mécaniques qui divertissaient les enfants, autrefois au Freddy Fazbear’s Pizza. De la manette au grand écran, Cawthon est cité à l’écriture de l’adaptation cinématographique réalisée par Emma Tammi.

Agent de sécurité en délicatesse avec le sang froid, Mike Schmidt (Josh Hutcherson) accepte la surveillance de nuit d’une pizzeria désaffectée. Sous l’action du stress et des neuroleptiques, les marionnettes géantes qui s'oxydent sur place, s’immiscent dans les micro-sommeils de Mike, rongé par le souvenir d’un petit frère mystérieusement disparu.

Video game oblige, l’action se circonscrit à l’intérieur de l’établissement mais également dans les rêves du vigile. Ainsi, une analogie se tisse entre les pensionnaires du Freddy Fazbear’s et Freddy Krueger, croquemitaine mortifère imaginé par Wes Craven, afin de perturber le sommeil des habitants d’Elm Street (Les Griffes de la nuit, 1984, suivi de 8 séquelles jusqu’en 2010).

Sur place, Mike est visité par Vanessa (Elisabeth Lail), officier de police qui connaît l’endroit mieux que sa poche. Par un concours de circonstances, il emmène avec lui Abby (Piper Rubio), sa petite sœur, elle aussi, en phase de désocialisation.

Il s’en suit une sarabande claustrophobe qui convoque une fée inquiète, des lutins neurasthéniques et un ogre rompu au Mécano. Les archétypes du conte se combinent à l’aura morbide des automates qui peuplent certains musées de cinéma (L’Homme au masque de cire André de Toth 1953, Le Moulin des supplices Giorgio Ferroni 1960…) ; le tout relevé d’une dose appréciable de culpabilité endémique agrémentée de quelques déviances familiales en reliquat.

Si la rigueur narrative, plutôt aléatoire, emprunte (volontairement?) aux rêves et leur continuité morcelée, le film séduit, encore, par l’attention portée au personnages et l’absence des effets complaisants-tonitruants, propres aux sous-produits horrifiques, confis dans la paresse.

Enfin, l’usage homéopathique des artifices numériques, au profit de créatures animatroniques, conçues par le studio Jim Henson (1936-1990), créateur de l’inoubliable Muppet Show, insuffle une aura pittoresque et une charge dangereuse, à ces pantins cabossés, derniers habitants d’un carrousel en déshérence, comme il s’en trouve chez Tim Burton (Dumbo 2019) ou Guillermo del Toro (Nightmare Alley 2022).

A l’origine de Five nights at Freddy’s et de M3GAN, sorti en janvier dernier, la firme Blumhouse puise dans les androïdes d’aujourd’hui et les marionnettes d’autrefois de bien séduisantes inspirations.

Photographies : Studio Universal.

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