Sweat, sueur en français, il est vrai que Sylwia ménage peu sa peine lors des séances fitness qu’elle anime dans les forums des galeries marchandes. Recommandations, exhortations, acclamations. Puis congratulations, selfies.. . Enfin retour à la maison, toujours le smartphone sous tension.
On line du réveil au sommeil, Sylwia est influenceuse santé-diététique. En la serrant au plus près du visage, Magnus von Horn (suédois de naissance, polonais d'adoption) nous inclut parmi ses 600 000 followers. L'option immersive révèle l’intention du réalisateur, moins préoccupé par un énième réquisitoire contre l’obscénité numérique que par le moi profond d’une idole des réseaux.
Privilège du cinéma: quand la caméra est en pause, le spectateur ne lâche pas Sylwia: lorsqu’elle écoute les confidences d’une admiratrice dans un café, lorsqu’elle grimpe l’escalier de l’appartement familial, un bouquet dans une main, un écran plat dans l’autre, lorsqu’elle goûte à la recette maternelle, avant de s’enfermer pour engloutir germes et crudités. Nous sommes encore là au moment où elle remarque un stalker qui la piste jusqu’au pied de son immeuble.
Mais là ça coince. Le bonhomme devient une tâche sur l’image, un accroc au contrat. Il faut l’admonester, l’effacer avant de le secourir. Dans un élan de compassion ou simplement pour assurer place nette ? Tout doit être parfait. Forcément parfait.
Après la réinsertion difficultueuse d’un adolescent condamné pour le meurtre de sa petite amie (Le Lendemain 2015), Magnus von Horn persiste dans la dissection d’une solitude. Qu’y a t il à déceler derrière cette ligne affûtée, ce sourire indélébile, ces affects sous contrôle, ce regard azur grand ouvert ?
Un plan de carrière? De tortueux tourments? Une fuite en avant ? Ou simplement le seuil du vide? Si elle nourrit le mystère, l'incertitude sème le trouble et scelle l'intérêt.
Seule évidence : Magdalena Kolesnik est à perdre haleine et Sylwia demeure impénétrable dans toutes les acceptions.