Visage impassible façon Buster Keaton, silhouette longiligne à la Jacques Tati, Darius se pose à Beauvais. Menotté à sa valise (à roulettes), le voyageur sans papiers entreprend de rejoindre la Capitale, via les sentiers, chemins de traverse et autres voies communales.
Dix films co-réalisés entre 2004 et 2022, puis un projet empêché. Il n’en fallait pas plus pour effriter le tandem formé par Benoît Delépine et Gustave Kervern. Pas de brouille, ni de rupture, simplement une envie de retour aux origines. Gustave est parti tourner sur l’Île Maurice de sa naissance. Et Benoît dans ses plaines de Picardie.
Vingt ans après le duo grabataire de Aaltra, leur coup d’essai, Darius (Samir Guesmi) chemine à travers le plat pays des Hauts-de-France. Des paysages, des personnages ; en rase campagne, le chemineau flegmatique croise une rebelle à vélo (Solène Rigot), un flic des litres (Jonas Dinal), un imprécateur céleste (Patrick Bouchitey), un vigile mal construit (Pierre Lottin).. .
Sur ces aires délaissées où s’ébroue le peuple des grolandais, veille une autre faune.
Cervidés, rapaces, canidés, jusqu’au gastéropodes, tous accompagnent le voyage (la mission?) de Darius dans l’antre de Philippe Ripauillac (Olivier Rabourdin), le maître de Totem Energie.
Seul à la gouverne de Animal Totem, Benoît Delépine reste fidèle à ses indignations iconoclastes, tout au long de cette fable animiste recensée dans film le plus large de l’histoire du cinéma.
Rencontre avec Benoît Delépine lors d’un projection à Avignon.
Animal Totem : dans les cinémas depuis le 10 décembre
Noël mortel à Groland : à partir du 13 décembre sur Canal +.
Photographies : Ad Vitam Distribution.