La femme latente

Actualité du 06/08/2022

C. (Marta Nieto) consacre ses journées et une partie de ses nuits au mixage d’un film. Petit problème : elle ne parvient pas à synchroniser le son et l’impact d’une gifle. A cette occasion elle constate un effet retard dans son audition. Son problème se confirme lorsque le réalisateur lui reproche une bande audio décalée sur la plupart des séquences.

Quand ça va mal tout va mal, privée de son emploi, C. doit évacuer l’appartement de son ex qu’elle squatte depuis leur séparation. La jeune femme se résigne à un retour chez une mère qui lui réserve un accueil plutôt embarrassé. Le déclassement est ponctué par l’accroissement des latences de perceptions.

Inspiré par le monde discordant des sourds et des daltoniens, En décalage opte pour une immersion dans le chaos réceptif de son héroïne. Le parti pris expérimental s’inscrit dans un suspense sensoriel, proche du fantastique lorsque C. découvre de nouvelles spécificités à son handicap.

Le prétexte singulier, les choix de mise en scène, le charme déterminé de Marta Nieto, alimentent une intrigue qui slalome entre romance et extravagance. Au bout du conte, Juanjo Giménez et Pere Altimira son co-scènariste retombent sur leurs pattes dans un épilogue ambré de discrétion.

Expérimental, ambitieux sans se départir d’une élégante simplicité, En décalage constitue l’une des belles découvertes de l'été au cinéma. Avec un coup de chapeau particulier pour le travail phénoménal de Oriol Tarrago Dani Fontrodona.., les ingénieurs du son.

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