La fierté du silence

Actualité du 20/10/2021

Dans les années 50 Aïcha et Mabrouk Soualem quittent l’Algérie pour le Puy-de-Dôme. A Thiers, l’usine de coutellerie qui surplombe la cité est en manque de main d’œuvre. Avec bon nombre de compatriotes, Mabrouk plonge dans la chaleur et le vacarme. Aïcha s’occupe du foyer et de Zinedine leur fils. Aux forges et aux emboutisseuses, ce dernier préfère l’art et le rêve. D’abord mime de rue, il entre au Théâtre du soleil cher à Ariane Mnouchkine. Puis le cinéma, outre Claude Lelouch ou Dany Boon, Zinédine Soualem reste l’acteur fétiche de Cédric Klapisch.

Lina Soualem est la fille de Zinedine et Hiam Abbas, actrice palestinienne actuellement à l’affiche du film Gaza mon amour. Lina est une fille d’artistes mais elle pratique l’Histoire, le journalisme et le documentaire. Comme bon nombre de premiers films, Leur Algérie convoque sentiments enfouis et souvenirs intimes. Seule à la caméra, Lina filme, écoute, scrute ses grands parents au moment où ils décident de mettre quelques distances entre eux.

Derrière les silences de Mabrouk ou les rires nerveux de Aïcha s’insinue une sensation de paradis perdu, de digne résignation, mais aussi d’une fierté qui s’érige inflexible face à des concitoyens qui jettent lorsque c’est usé. Leur Algérie montre et raconte, la France des colonies, des industries, du plein emploi. Mais si leurs descendants sont sur de belles voies, Aïcha et Mabrouk n’ont pas vraiment savouré les trente glorieuses.

Entretien avec Lina Soualem, lors de l’avant première avignonnaise de Leur Algérie.

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