La fille d’en face le bistrot du coin

Actualité du 21/12/2021

Le temps de l’aventure (2013) relatait la passion fugitive entre une actrice aux abois (Emmanuelle Devos) et un inconnu (Gabriel Byrne) croisé dans l’Eurostar. 8 ans après Jérôme Bonnell reprend le principe de l’unité de temps mais se penche, cette fois, sur un caractère masculin confronté au terme d’une liaison.

Chère Léa débute à la fin d’une nuit. Au petit matin Jonas (Gégory Montel) est congédié par Léa (Anaïs Demoustier). Harassé par le manque de sommeil, préoccupé par la viabilité de ses affaires, le quadragénaire est désormais sidéré par la rupture

Alors que son portable ne cesse de sonner (son associé, la mère son fils (apparition merveilleuse de Léa Drucker)…), Jonas échoue dans le bar-restaurant, en face de l’appartement de Léa. Histoire de reprendre ses esprits…, et lui écrire une longue lettre. Inhabituel et tourmenté, le client attire l’attention puis l’intérêt du bistrotier (Grégory Gadebois) qui se meut progressivement en confident-conseiller littéraire. La journée avance, rythmée par des tranches de quotidien, entre faits divers et anecdotes, où l’éconduit est témoin ou partie prenante.

Jérôme Bonnell aime les acteurs qui le lui rendent bien tout au long de cette folle journée, dont les péripéties jonglent avec les stéréotypes du vaudeville et de la comédie romantique. Agitations, portes qui claquent, quiproquos composent une sarabande où la profondeur des sentiments se frotte à l’usure de l’ordinaire.

Vivre c’est choisir. Sur ce lieu commun se fracassent Jonas, son immaturité foncière et son charme de chien battu. Au même titre qu’Emmanuel Mouret (Les choses qu’on dit, les choses qu’on fait 2020), Jérôme Bonnell poursuit ses explorations minutieuses des états amoureux. Son sillon est droit et discret, Son film possède la légèreté d’une bulle et la perspicacité du plus scrupuleux des observateurs.

 

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