La gloire de mon père

Actualité du 12/02/2025

 

Luigi Comencini (1916-2007) est un cinéaste italien, auteur d’une cinquantaine de films. Sa filmographie éclectique témoigne d’une dilection pour la comédie (Pain amour et fantaisie 1953, A cheval sur le tigre 1961, L’Argent de la vieille 1972..) ; à laquelle se greffe un art du mélodrame (La ragazza 1963, L’Incompris 1967, Un vrai crime d’amour 1974.. ). Le filmeur se double d’un fervent cinéphile, cofondateur en 1947 de la Cineteca Italiana.

Comencini est le père de quatre filles : Eleonora (productrice), Paola, (décoratrice-costumière), Cristina et Francesca (toutes deux réalisatrices). Si Paola signe les décors, les autres sœurs demeurent hors-champ dans le nouveau film de Francesca Comencini.

Prima la Vita, dopo il cinéma ! D’abord la vie, après le cinéma ! , assène le metteur en scène sur le tournage de son Pinocchio(1972). Le roman de Carlo Collodi (1826-1890) et la baleine Jonas hantent le conte autobiographique, rêvé comme un périple parmi les sinuosités de la mémoire.

Tout est réel mais rien n’est réaliste. , Francesca Comencini résume ainsi cette évocation focalisée sur les relations exclusives entre le réalisateur et sa brunette. Le premier acte prend place au sommet des Trente glorieuses. Luigi (Fabrizio Gifuni tout en tact résolu) est un torta di papà (papa gâteau), qui entoure la scolarité de sa fille (Anna Mangiocavallo), avant de l’inclure dans un rêve éveillé, tout au long de certaines séquences des Aventures de Pinocchio

Les nuages s’amoncellent dans le second temps. Mai 1978, épicentre des Années de plomb, les Brigades rouges assassinent Aldo Moro, figure tutélaire de la Démocratie chrétienne. Jeune adulte, Francesca (Romana Maggiora Vergano), verse dans la drogue. Tel Jiminy Cricket, dans le Pinocchio de Disney (1940), le paternel se mute en chaperon intraitable. Le sevrage passe par un exil à Paris où la fille et son père se resserrent autour de la cinéphilie. Ultime segment Francesca est, à son tour, à la tête d’un film sous le regard discret et bienveillant de Luigi.

Les pères sont des figures nécessaires.

Francesca Comencini adjoint le geste à la parole au fil de cette élégie intime, traversée par une baleine géante, un pantin turbulent et un patriarche aussi soucieux que magnanime. Interprété, éclairé dans une infinie délicatesse, Prima la vita appose une pierre singulière sur les voies rebattues des souvenirs d’enfance et autres chroniques familiales.

Rencontre avec Francesca Comencini.

Prima la vita : dans les cinémas à partir du 12 février.

Photographies : Unifrance Films.

 

Retour à la liste des articles