La nonne et le limier

Actualité du 11/08/2022

Le plan séquence constitue la griffe du Nouveau cinéma roumain qui émergea avec La Mort de Dante Lazarescu (Cristi Piu 2005) et 4 mois, 3 semaines et 2 jours (Cristian Mungiu, Palme d’Or Cannes 2007).

Made in Roumanie, Dédales agrège deux journées captées dans une quasi continuité. Dans un premier temps, une religieuse manipule un portable, essuie quelques larmes, franchit le portail du couvent et s’engouffre dans un taxi. La conversation avec le chauffeur et un co-passager indique que, suite à de violentes céphalées, la jeune femme se rend à l’hôpital. Sur place elle consulte un service qui n’a rien de neurologique. Brève ellipse, rendue à la liberté, elle sonne à la porte d’un appartement, puis s’esquive lorsqu’une femme apparaît sur le seuil. Retour en taxi, piloté par un fan de variétés italo-espagnoles. Brève halte dans un bosquet pour troquer la robe d’été contre la tunique sulpicienne.. .

Second temps, un homme rajuste nerveusement les lunettes sur son nez, fouille dans des dossiers, houspille son subalterne. A l’évidence le policier tient à arracher des aveux avant la fin d’une garde à vue. Les deux temporalités se croisent lorsque l’on découvre l’identité du suspect. Lors du final, reconstitution d’un viol d’une rare sauvagerie, le récit bifurque de la recension scrupuleuse vers une construction mentale où l’on peine à discerner ce qui a été ourdi et ce qui a été commis.

Scénariste-réalisateur, Bogdan George Aperti insère indices, attitudes et zones d’ombres, comme les éléments d’un puzzle soumis au spectateur. Aux frontières de l’austérité, le déroulé laconique repose sur une construction sophistiquée, limite excitante.

Au même titre que La nuit du 12, toujours sur les écrans, Dédales dissèque une enquête policière, restituée ici dans une simplicité en trompe l’œil. Si les styles divergent, la conclusion reste la même : il y a définitivement quelques chose qui cloche entre les femmes et les hommes.

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