Lâchez les monstres

Actualité du 11/06/2022

1943, un cirque à Rome, pas un Barnum multipistes mais un équipage façon Strada. En parade : Mathilde, adolescente dynamo ; à ses côtés : un nain magnétique (et priapique), un colosse ancêtre de Chewbacca et un dompteur de puces et lucioles. Soudain une déflagration déchire la toile, disperse la troupe et jette les monstres de foire dans l’enfer de la seconde guerre mondiale. Mathilde et ses partenaires confient alors leurs économies à Israël, leur directeur, afin qu’il ouvre un avant poste vers la liberté du Nouveau Monde. Dans l’attente, les Freaks cèdent aux avances du Berlin Circus et son directeur, pianiste à 12 doigts, médium à ses heures qui rêve de tutoyer le Führer.

A l’origine de On l’appelle Jeeg Robot qui, en 2015, entremêlait super pouvoirs et néo réalisme, Gabriele Mainetti poursuit le mixage des inspirations. Sur son sol natal, fort d’un budget «dantesque», le réalisateur convoque pêle-mêle Tod Browning, Guillermo Del Toro, Tim Burton, Fellini, Tarentino.., jusqu’à Giuseppe Albano alias Le Bossu de Rome, Robin des bois de la résistance anti fasciste. Il saupoudre la mixture d’humour, d’actions, plus quelques pincées de sexualité pas vraiment en accord avec les stéréotypes attendus.

 

Sur un flipper en scope-stéréo, Mainetti actionne une bille qui zigzague, rebondit entre l’Histoire et la farce, l’allégorie et la trivialité. Plus porté sur l’accumulation que sur la narration, le chef mitonne un pudding à l’emphase assumée et l’improbabilité sidérante. De cet empilage de péripéties, de couleurs, de décibels émane pourtant une saveur singulière, liée à l’ingéniosité, l’énergie et la sincérité avec lesquelles le bonhomme accommode les restes.

Dans le sillage d’un Brian De Palma, Dario Argento ou Guillermo Del Toro, Gabrielle Mainetti cultive avec Freaks Out le baroque et l’excès avec un tel panache que, même à demi assommé, l’on se surprend à en redemander.

Sur ses 140 minutes, Freaks Out module à fond et dans tous les sens. Il constituait donc le baptême idéal pour le nouvel écran, les enceintes et fauteuils, eux aussi tous nouveaux, installés dans la grande salle des cinémas Utopia Avignon.

Séance unique vendredi 17 juin à 20H15.

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