Le corps et la parole

Actualité du 04/10/2023

Les enfants d’une école primaire (Récréations 1992), les employés d’une PME de restauration (Coûte que coûte 1995), l’équipe organisatrice d’un festival de cinéma (Le Village 2019).., Claire Simon aime filmer les groupes. Un médecin généraliste effectue ses dernières consultations (Les Patients 1990), une femme simule une grossesse (Sinon oui 1997), les activités d’une antenne du Planning Familial (Les Bureaux de Dieu 2008).., Claire Simon tourne régulièrement autour du physiologique.

Entre chez moi et l'hôpital, il y a le cimetière,. La réalisatrice délivre cette constatation, sur le trajet qui sépare son domicile de l’Hôpital Tenon. En ouverture de Notre corps, la phrase sibylline tient de la définition et de l’amorce programmatique. Au fil de ce film fleuve (2h48), plongée dans les services de cet établissement de l’Est parisien, un coup de théâtre placera néanmoins la regardeuse devant la caméra.

Entre-temps, à la tête d’une équipe légère et discrète, celle-ci aura filmé les entretiens des soignants, médecins, infirmières, avec des hommes et des femmes, parfois en quête d’enfant, souvent chavirés par une grossesse. Claire Simon observe le travail : les échanges entre des soignants, pétris de pédagogie attentive et des requérants, précipités de désarroi et d’espoir. Hors des chambres et des cabinets de consultations, la caméra se glisse à l’intérieur des blocs opératoires, espaces technico-chimériques,  sortis des films de James Cameron ou Christopher Nolan, où le bistouri cède la place aux rayons laser et outils asservis.

Tout au long de Notre corps, une compagnie humaine prodigue des soins, du réconfort, animé par le seul soucis d’un intérêt commun, synonyme ici, de Santé pour tous. A l'arrivée, s'érige une somme documentaire sur le soin et l'accompagnement prodigués, sans discrimination dans un Service Public.  Effectivement, ni l'intime, ni l'organique n'échappent au politique.

Entretien avec Claire Simon, enregistré en mars 2023, lors des Rencontres Cinématographiques du Sud.

Notre Corps : sur les écrans, à partir du 4 octobre.

Retour à la liste des articles