Une maison au bord d’un lac, dans le parc des Laurentides au Canada. Un famille française : Bastien (Joseph Engel), ses parents, son petit frère, profitent de leur villégiature estivale aux côtés de leurs hôtes. Dans la maisonnée Bastien partage une chambre avec Chloé (Sara Montpetit), de trois ans son aînée. Expédiés les travaux d’approche, Bastien et Chloé égrènent leur journée dans des équipées ludiques, au cours desquelles l’éveil des sens s’immisce dans les amusements.
Falcon Lake est le premier long métrage réalisé par Charlotte Le Bon. La comédienne s’approprie Une sœur, bande dessinée de Bastien Vivès qu’elle transfère de l’Isère vers son Québec natal.
Chronique de vacances, initiation sentimentale.., ces sujets d’école sont abordés à l’écart des clichés, façon plénitude de la nature baignée dans les chaudes lueurs d’été. A la lumière, la réalisatrice préfère les ombres : l’opacité d'une forêt, les joutes hasardeuses d’une fête nocturne, l’obscurité complice d’une alcôve ou les ténèbres sans fond d’un loch. Dans ce lac, Charlotte Le Bon y dépose un noyé (absent dans la BD), dont le fantôme frôle parfois le corps des baigneurs.
Ces effluves mystérieuses instillent le trouble et une vague inquiétude dans les jeux insouciants de Bastien et Chloé. Le premier est séduit par cette grande qui fume, descend des bières et reste droite dans ces bottes face aux obsessions salaces des ados. La seconde s’attache à ce gamin qu’elle surplombe sans difficulté mais dont la timidité et la maladresse lui renvoient l’innocence qui est en train de lui échapper.
Pour traduire l'efflorescence du désir, Charlotte Le Bon se place à la bonne distance, entre l'évidence et le secret, l’observation distanciée et l’intrusion complaisante. Le transport des sentiments amoureux trimballe souvent son lot de manquements générateurs d’enseignements, voire de regrets indélébiles. Falcon Lake souligne cette vérité dans le tact et l'insolite, en prenant soin de ne jamais perdre de vue le revers de la médaille, aussi précieuse soit-elle.
