Les montagnes se cassent la gueule. On en parle assez peu en France, on est dans le déni parce que la montagne représente un business énorme.
Cette constatation, Thomas Salvador la met en œuvre dans la seconde partie de La Montagne. Au moment où, suite à un effondrement, des lueurs émergent le long des parois. Dès lors, la déclinaison d’un burn-out oblique vers des sentiers plus incertains qui frolent la dérive mentale, la fable insolite, jusqu’au merveilleux.
Auparavant aurons-nous lié connaissance avec Pierre (Thomas Salvador), ingénieur roboticien. En mission dans une ville des Alpes, le technicien déroule sa démonstration, le regard ailleurs, scotché vers la fenêtre et son massif enneigé. Le bonhomme retarde son retour, acquiert un équipement idoine et entreprend de sillonner, d’escalader pics et glaciers. Au grand dam de ses employeurs, à la consternation de son entourage, son séjour se prolonge pour des équipées de plus en plus extrêmes.
Entre deux expéditions, Pierre croise Léa, (Louise Bourgouin). La restauratrice est amusée, intriguée puis attirée par cet échalas laconique, aussi résolu qu’insaisissable. Pour s’arrimer l’un à l’autre, elle et lui auront, quelques reliefs à gravir.
Acteur de ses propres films, Thomas Salvador requiert le fantastique pour souligner l’inadaptation de ses personnages. Le héros de Vincent n’a pas d’écailles (2014), se découvre des supers pouvoirs qui le marginalisent jusqu’à le chasser vers d’autres continents. Dans la seconde partie de La Montagne, Pierre (prénom symbolique) entre en symbiose avec la roche meurtrie, dans un climax où la recherche graphique se met au service d’une sidérante échappée onirique.
Depuis son plus jeune âge, Thomas Salvador se rêve cinéaste de montagne. Son nouvel opus cristallise les aspirations de ce Jacques Tati des cimes, de ce Buster Keaton des voies escarpées.